En cette matinée étonnamment ensoleillée de février, Tributile était avec les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC), la Radio Chrétienne Francophone (RCF) et la Fondation de l’Université Catholique de Lille pour un nouveau rendez-vous EDC : Les Rencontres Essentielles. Cette première édition, sur le thème de la place de l’Homme au cœur de la transformation digitale d’une entreprise, avait un invité de marque pour y répondre et animer le débat : le directeur général de La Voix du Nord, Gabriel d’Harcourt. Retour sur cette rencontre passionnante entre vision d’avenir et leçons du passé.

rencontres essentielles

Le journal du Nord

« A l’heure où cette rencontre a commencé, déjà 240 000 exemplaires de La Voix du Nord se sont vendus » nous annonce Madeleine Vatel, journaliste à la RCF, ajoutant que 600 salariés ont travaillé dessus ou sur les autres formats que propose La VDN.

310 journalistes, 100 personnes dans la régie publicitaire, une autre centaine de correspondants, des dizaines de personnes sur les formats numériques… Cette institution du Nord particulièrement célèbre est dirigée par M.Gabriel d’Harcourt. Entré comme directeur des ventes en 2003, il est ensuite promu à la tête du Courrier Picard pendant 4 ans, puis on lui donne les clés de La Voix du Nord en 2015.

Le renouveau digital

Pour aborder un débat sur la transformation digitale d’une entreprise, ce quotidien était un acteur tout trouvé ayant justement essayé de répondre à cette problématique récemment. Lui-même face à la question du numérique confirme : « Les journaux ne peuvent pas rester papier. Plus globalement tous les secteurs sont touchés et sans changement, il y a un vrai risque de disparition ». Ajoutant même à cela un petit pari : « Certains titres historiques vont disparaître c’est une certitude ! »

Forcément avec la démocratisation des supports digitaux, une véritable prise de conscience s’est emparée des entreprises qui n’avaient pas encore pris le virage du numérique dont de nombreux médias. L’information est consommée bien différemment aujourd’hui (https://www.blogdumoderateur.com/etude-consommation-information-france-2018/), ce qui requiert d’évidents virages pour les médias dits « traditionnels », au format papier.

VDN

Ce changement a justement été effectué depuis l’arrivée de M. d’Harcourt lorsqu’il décida le lancement de La VDN sur Internet qui fut, il l’admet, un semi-échec après un an à cause de son modèle qui demandait une inscription pour accéder au contenu. Depuis seuls certains articles sont payants, cela grâce aux nombreux retours et critiques autant internes qu’externes, sur le premier format de La VDN qui permirent de venir à ce nouveau modèle plus ouvert.

L’importance de la raison d’être

Concernant le journal en lui-même, la définition qu’il en donne après une remarque sur certaines prises de positions du journal est assez claire : « La Voix du Nord n’est pas un média d’opinion mais plutôt d’engagement, toujours au service et avec l’esprit du territoire et de sa population régionale. » En prolongeant sur le sujet, une question rebondit sur l’intérêt, pour un journal, de posséder une raison d’être qui doit guider la vision des journalistes et salariés.

« Ecrire la nouvelle histoire du Nord » est celle qui a été retenue par Gabriel d’Harcourt. Un manifeste sera prochainement écrit, contenant les engagements qui doivent être partagés par tous pour plus de cohérence au sein de l’institution régionale VDN. Sur ce sujet il ajoute d’ailleurs : « Si on fait une transition digitale sans raison d’être on court à notre perte, c’est la question qui doit être résolue avant de se lancer dans quoi que ce soit. »

L’intelligence artificiel et la négativité journalistique

Une autre problématique qui a vu le jour récemment a été mise en avant : l’intelligence artificielle. Nous dirigeons-nous vers un monde sans journalistes, remplacés par des robots ? « Il ne faut pas refuser la modernité même si c’est au détriment de l’Homme il faut l’accepter. Certains articles pourraient être écrits par des robots mais l’Homme aura toujours un supplément à apporter notamment sur des sujets plus vastes. » Il complétera par la suite en précisant qu’on se rend de plus en plus compte qu’on ne peut pas tous être journaliste sans risquer l’infox. Journaliste est un métier, qui plus est de plus en plus exigeant car aujourd’hui il faut être « plus rapide et plus rigoureux ! »

Enfin est venu le reproche qu’on entend de plus en plus vis-à-vis des médias : leur négativité récurrente. M. d’Harcourt précise que c’est justement le genre de débat qui revient régulièrement dans les salles de rédaction et de publication : devons-nous donner à ce sujet un contenu plutôt informatif ? sensationnel ? de fond ? positif ? attirant ? négatif ? Un sujet comme les Gilets Jaunes par exemple a été, précise-t-il, particulièrement complexe à couvrir à cause de ces remarques sur la négativité. Pour lui, « Ceux qui disent que La Voix du Nord est négative sont des non-lecteurs, il suffit de voir les dernières Unes pour donner tort à cette affirmation. »

 

Le débat prend donc fin ici, sous les applaudissements. Cette rencontre nous a permis d’en apprendre beaucoup sur ce journal régional si cher au cœur des nordistes. Et après cela on peut vous le dire : La Voix du Nord est entre de bonnes mains.