L’actuel DG de Danone a prononcé le mois dernier un discours peu conventionnel devant les nouveaux diplômés d’HEC : « si vous attendez un discours de référence intellectuelle, vous allez être déçu » , annonce t-il d’emblée.
En effet, loin de donner des conseils, tirés de son expérience dans de grands groupes internationaux (Danone depuis 1997, conseil d’administration de Ryan Air entre 2002 et 2010), le diplômé d’HEC (1986) exhorte les futurs cadres à s’interroger sur le sens qu’ils souhaitent donner à leur vie : « Pourquoi allez vous faire de la finance, du marketing, de l’entrepreneuriat social ? Comment allez vous exercer votre leadership ? »
Nous avons toujours entendu parler « d’une main invisible » énonce t-il ensuite, « mais il n’y en a pas. Peut être qu’il y en a une, mais elle est cassée ». Cette référence à Adam Smith fait écho à une conviction d’Emmanuel Faber, énoncée comme suit, lors d’une conférence tenue en juillet 2014 pour Ashoka : « il n’existe pas de système qui nous dépasse et qui nous empêche de changer le monde. Nous sommes le système et le monde commence à changer lorsque l’on change de posture. »
Pour Emmanuel Faber, changer de posture, c’est s’engager sur un chemin personnel, unique. Un chemin orienté par une question : « Comment je peux réconcilier économie et social ? », car « l’économie sans le social c’est de la barbarie, le social sans l’économie, c’est de l’utopie. » De son expérience, la réponse n’est pas tous les jours évidente. On peut se retrouver face à des contradictions, ce qui nécessite de se recentrer sur soi-même et de chercher « ce petit frère, cette petite sœur qui nous aime plus que nous même » et qui nous donnera la force de changer le monde qui nous entoure.
Il concluait, en 2014 : « Je ne peux rien apporter au monde de plus juste, de plus beau et de plus vrai que le chemin intérieur que je parcours pour devenir la personne que je suis appelé à être. »